Salon de peinture

Les peintres et sculpteurs du roi, avec à leur tête Charles Le Brun, vont entreprendre un long travail d'influence auprès de Mazarin et de la reine pour mettre en place une institution nouvelle répondant à leurs revendications.



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Exposition d'art - Peinture - Dessin - Gravure

Historique

Fondation de l'Académie et naissance des salons

Les peintres et sculpteurs du roi, avec à leur tête Charles Le Brun, vont entreprendre un long travail d'influence auprès de Mazarin et de la reine (le roi Louis XIV avait à peine 10 ans) pour mettre en place une institution nouvelle répondant à leurs revendications. Ils pouvaient d'ailleurs citer en exemple les précédents de Florence et de Rome, où les Princes au pouvoir avaient soutenu la création d'Académie de dessin, un siècle plus tôt déjà.

Ils obtiennent gain de cause et en 1648, la création de l'Académie royale de peinture et de sculpture est acceptée.

C'est ainsi qu'en 1648, l'Académie royale de peinture et de sculpture est créée à Paris. Elle se dote d'une structure, de personnels et d'une doctrine.

La doctrine s'appuie sur la hiérarchie des Genres, héritée de l'Antiquité. Par ordre décroissant de prestige, cette hiérarchie place en tête la peinture d'histoire (profane, religieuse ou allégorique), ensuite le portrait, la peinture de genres (mise en scènes d'êtres humains reconnus dans leur existence quotidienne), le paysage et la nature morte. On passe en fait de ce qui exige le plus d'imagination et de créativité, pour lequel il faut plus de talent, à ce qui est reconnu comme de la copie pure du réel.

Cette hiérarchie se retrouve dans les désignations du personnel de l'Académie qui, rappelons-le, a une importante fonction d'enseignement. Seuls les peintres d'histoire ont accès aux fonctions d'«officiers» : professeurs, adjoints à professeur surtout.

Pour être reçu à l'Académie, l'aspirant devait en premier lieu soumettre pour agréation une ou plusieurs œuvres servant de base au choix du sujet imposé, dans le genre choisi par lui. Par la suite, il réalisait le projet en définitif et le présentait pour réception. L'œuvre s'appelait alors le «morceau de réception» qui devenait propriété de l'Académie.

Ces œuvres étaient montrées au public au cours d'expositions dont la régularité ne fut pas la principale qualité au XVIIe siècle. Néenmoins les statuts de 1663, modifiés en 1668, prévoyaient une présentation biennale. Il fallait en effet, trouver un moyen de compenser l'absence de «boutiques», lieux de présentations d'œuvres auxquels les Académiciens et Officiers avaient renoncé, dans le cadre de leur nouveau statut.

En 1692, l'Académie s'installe au Louvre où se tiendront les expositions de 1699, 1704 et 1706 (les deux premières dans la Grande Galerie du Louvre). Il faut attendre 1725 pour voir le processus redémarrer. Mais cette fois, c'est le Salon carré du Louvre qui offre ses surfaces au placement des œuvres. Il sera utilisé régulièrement comme lieu d'exposition à partir de 1737.

C'est dès ce moment que l'habitude se répand d'utiliser le nom du lieu pour qualifier l'événement et de parler du Salon officiel comme étant le lieu où les Académiciens présentent leurs œuvres au public.

Les salons sous la Révolution et l'Empire

David, Le Serment du Jeu de Paume, une des pièces maîtresses du salon de 1791

Les Licteurs ramenant à Brutus les corps de ses fils de Jacques David consacre le triomphe de l'artiste au salon de 1789 et celui d'une peinture classique qui regarde l'actualité au miroir de l'histoire antique. Mais c'est en 1791 que la rupture avec l'Ancien régime se manifeste dans le monde de l'art. Au nom de l'égalité et de la liberté, le Salon est désormais ouvert à l'ensemble des artistes vivants par un décret de l'Assemblée nationale[1]. De nouveau, le salon consacre la gloire de David qui triomphe avec trois tableaux déjà exposés, dont le Brutus, mais également le dessin préparatoire du Serment du Jeu de Paume[2]. L'Académie entretemps se voit en butte à l'hostilité de David et d'un groupe de jeunes peintres qui viennent y semer la rébellion. En juillet 1793, la Convention supprime l'ensemble des académies et crée une «Commune générale des arts» dont Jean-Bernard Restout est appelé président. C'est elle qui organise le salon de 1793 dans un contexte complexe, évoqué par le livret de l'exposition :

«Il semblera peut-être étrange à d'austères républicains de nous occuper des arts, lorsque l'Europe coalisée assiège le territoire de la Liberté[3]

David, occupé à peindre la Mort de Marat, n'y participe pas, mais ses élèves y figurent en bonne place. Joseph Ducreux présente les portraits de Couthon et de Robespierre et Isabey y fait ses débuts. Si on trouve toujours des paysages et des scènes de genre, l'actualité y tient sa place avec des œuvres telles que Le Départ pour les frontières, La Fête des Sans-culottes sur les ruines de la Bastille, La Montagne et le Marais ou encore Le Siège des Tuileries par les braves Sans-culottes actuellement oubliées avec leurs auteurs[4]. Les salons suivants seront toujours dominés par les élèves de David, les Gérard, Hennequin, Gautherot, Debret, Broc, Berthon, Girodet ou Jean-Antoine Gros.

La révolution sera un nouveau règne d'art officiel, particulièrement classique, avec des thèmes des histoires grecque et romaine imposés, surtout lors de la montée en loge des candidats au Prix de Rome.

L'époque romantique

C'est le romantisme, avec surtout Eugène Delacroix, apparenté avec les représentant les plus influents des différentes monarchies qui se succèdent au pouvoir, qui permet la véritable diversification des écoles de peinture, aboutissant à la création de salons indépendants du pouvoir politique après le Second Empire.

L'apogée des Salons d'art plastique (fin du XIXe et XXe siècle)

La troisième et la quatrième république ont constitué les seules véritables périodes de totale liberté artistique en France puisque, contrairement aux régimes qui ont précédé, elles n'imposaient pas d'art officiel. Cette liberté totale de créer a pu s'épanouir, en grande partie aussi grâce à la volonté de quelques hommes politiques, fréquemment francs-maçons, qui refusaient toute contrainte en art comme en matière religieuse et qui se sont compromis à titre personnel pour soutenir la création de Salons hors de la main-mise gouvernementale.

Les salons créés sous la Troisième République

L'ancien salon de l'Académie devient le Salon des artistes français et quoique créée à la fin du Second Empire, c'est sous la République que la Société nationale des beaux-arts* va se développer. On voit ainsi se former avant la Première Guerre mondiale d'autres sociétés d'artistes autogestionnaires, peintres, sculpteurs, graveurs, qui exposent chaque année au Grand Palais : le Salon des Indépendants, le Salon d'automne*.

On note en 1863 la tenue de l'unique Salon des refusés qui, à l'initiative de Napoléon III, tenta de répondre à la vague de protestations soulevée par le nombre particulièrement important d'œuvres refusées par le jury.

Le nouveau départ de l'Après-guerre

Juste après la Deuxième Guerre mondiale se créent toujours des Salons autogérés par les artistes : le Salon de Mai, le Salon des Réalités Nouvelles, le Salon de la jeune Peinture, le Salon du Dessin et de la Peinture à l'Eau, le Salon "Comparaisons"* tous deux créés en 1954, le Salon des Peintres Témoins de leur Temps, le Salon "Terre latine" et d'autres. Les expositions ont alors essentiellement lieu au musée d'Art moderne de la Ville de Paris ou au musée Galliera près du Trocadéro.

L'ère Malraux

À partir du rétablissement d'un art officiel particulièrement encadré avec l'arrivée au pouvoir fin 1958 du général de Gaulle et de son ministre de la Culture André Malraux qui supprime le Prix de Rome décerné par l'Institut de France, les Salons deviennent de facto le principal espace de liberté artistique, par conséquent de contestation de l'art officiel régenté par le propre neveu du général.

Les différents gouvernements de la cinquième République vont par conséquent s'efforcer -avec mollesse il est vrai, puisque l'Art n'est pas leur priorité - de faire en sorte que les Salons autogérés par les peintres perdent progressivement leur aura mondiale. Il multiplient les "Salons" artistiques dont les exposants sont désignés par l'administration, de plus en plus importante d'autre part, puisqu'entre 1958 et la présidence de François Mitterrand, le ministère de la Culture passe de trois mille à trente mille fonctionnaires.

Le concept même de Salon, comme lieu de présentation d'œuvres de peinture et de sculpture, perd progressivement son sens artistique pour être supplanté par un sens plus commercial. Ainsi apparaissent les Salons des Arts Ménagers, de l'Aéronautique, de l'Automobile, de l'Agriculture etc.

Mais plus aucun de ces événements ne se tient dans le Salon carré du Louvre, qui leur a donné son nom. Les «Arts mécaniques» ont repris d'autant plus le dessus qu'en 1993, le Grand Palais est fermé pour travaux et que les Salons indépendants d'Art plastique doivent se trouver des espaces d'exposition particulièrement coûteux aux quatre coins de Paris et en province.

Les Salons parisiens au début du XXIe siècle

Depuis la fin des années 1990, de hauts fonctionnaires en retraite se font désigner comme présidents des Salons de peinture, sculpture, dessin et gravure parisiens, complètement autogérés par des artistes plasticiens professionnels au cours du XXe siècle. La règlementation prévoit du reste qu'un fonctionnaire qui préside une association reconnue d'utilité publique - c'est le cas de la majorité des Salons - continue à bénéficier, s'il en fait la demande, du traitement qu'il percevait quand il était en activité.

Le ministère de la culture, dont M. Renaud Donnedieu de Vabres puis Mme Christine Albanel ont été titulaires, est désormais chargé d'administrer le Grand Palais de Paris[5] dont la restauration s'est achevée en 2006. M. Donnedieu de Vabres a décidé que l'ensemble des sociétés de peinture, de dessin et de sculpture désireuses de tenir leur salon au Grand Palais devront désormais consacrer une grande part de la surface qui leur sera louée à l'exposition d'œuvres de peintres officiellement désignés par l'administration, même morts, comme Andy Warhol. De plus, ces sociétés devront organiser leurs expositions toutes ensemble au cours de la même période de l'année. Les Salons qui refuseront toutes ces directives, ou trouveront un espace d'exposition hors du Grand Palais, s'exposeront à des mesures de rétorsion dont le refus de leur accorder la moindre subvention.

Déjà, pour 2006, au moins un Salon, l'un des plus anciens et les plus prestigieux, présidé par un peintre, anciennement officier général, a décidé de refuser les directives gouvernementales, pour organiser son exposition ailleurs, dans des locaux aussi centraux que ceux du Grand Palais.

C'est en fait le public et les amateurs d'art, qui continuent à affluer en masse dans les Salons et les financent par les billets d'entrée et les achats d'œuvres, qui forment le meilleur garant de leur pérennité. On peut ajouter que la loi votée quand Laurent Fabius était ministre du Budget, et qui exonérait les œuvres d'art de l'impôt sur les grandes fortunes, a participé à sa manière à sauver la liberté de l'art en France et les Salons indépendants de la tutelle de l'État.

Bibliographie

Notes

  1. Jules Renouvier, Histoire de l'art au cours de la revolution, Veuve J. Renouard, 1863 , p. 9
  2. Renouvier, p. 11
  3. Cité par Renouvière, p. 12
  4. Renouvière p. 14
  5. Décret no 2007-97 du 25 janvier 2007 portant création de l'Etablissement public du Grand Palais des Champs-Élysées


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